Le Mercure – Paris (75020)

Note de juillet 2020
Kamel, 31 ans qu’il est là au Mercure, une mémoire de ce quartier Télégraphe. Les bonnes pizzas ont repris midi et soir. Le Mercure a pris le covid de plein fouet et faut le soutenir, quand le Mercure ne sera plus là, on va le regretter. Kamel est un personnage à part, qui a vécu le Saint-Germain des Prés de la grande époque avant de venir ici. Je n’ai même pas besoin eu de filtres, Kamel crève l’écran de vérité. Il est parfois bourru quand il ne sent pas le truc mais dès qu’il comprend que tu ne triches pas, il t’accueille comme si c’était chez toi.

Le résumé initial
Un plan comme il n’y en a plus assez à Paris : le Mercure est un bar de quartier tenu par un personnage charismatique, Kamel, et dans lequel on mange de bonnes pizzas.

Je rencontre souvent des personnes qui partagent avec moi leurs bons plans restos que je note précieusement. Quand vient le moment de les essayer, il est rare que 100% des adresses recommandées par une même personne m’emballent de manière égale. Parfois néanmoins, il arrive que je tombe sur une perle rare. Cela m’est arrivé récemment, les trois lieux que j’ai visités selon ses conseils vont tous intégrer 716lavie. Le Mercure est le 1er.

Le Mercure est ouvert depuis 25 ans environ rue de Pixérécourt, juste en-dessous du métro Télégraphe. De l’extérieur il est quasi-impossible de deviner la pépite qui se cache derrière cette vitrine.

Le bar respire l’idéologie anti-libérale et libertaire, alternative et décontractée. Dans la salle du fond se trouve la cuisine ouverte, de propreté impeccable.

Mention spéciale aux toilettes, rock’n’roll mais propres.

Kamel a beaucoup côtoyé le Saint-Germain des Prés des années 70, voilà pourquoi son troquet a des allures de quartier latin de la grande époque. On s’y rencontre : Kamel a marié 13 couples, me voyant seul, il est venu s’assoir à côté de moi, il a aussi recommandé aux deux jeunes filles assises à côté de moi de venir me parler 🙂 On y cause de tout : alors que j’entendais Kamel parler de Quimper et de Douarnenez à des clients, un coin que je connais bien, je le questionnais. De là s’en est suivie une grande discussion sur les rapports entre kabyles et bretons. Kamel m’expliquait que certains qui n’ont rien compris nous embêtent avec des polémiques inutiles alors que les sangs français et algériens sont déjà mêlés depuis longtemps et de me citer nombre de personnalités connues aux origines maghrébines, d’Alain Bashung à Dany Boon et j’en passe. Plus tard, je l’entendais raconter à un groupe de musiciens qui étaient venus manger ses anecdotes avec Manu Chao qui venait souvent ici, la Mano Negra répétait dans le quartier dans le temps.

Le cuisinier, sérieux, reste principalement dans sa cuisine 🙂 Le midi, il y a une serveuse charmante qui travaille super bien. Elle gère seule la salle, sans stress, prenant le temps de conseiller, elle est parfaite.

Alors c’est très simple, il y a les pizzas ,disponibles midi et soir ,et, au déjeuner, il y a deux plats du jour. Toutes les pizzas sont à 9,50 comme ça, pas de jaloux et les plats du jour étaient à 10 me semble-t-il. Le jour où je suis venu, il y avait du poisson avec une jardinière de légumes et sinon une viande, mais j’ai oublié. C’est bien simple, le midi c’est quasi plein, les personnes qui travaillent dans le quartier ont plaisir à se restaurer ici, ça se sent : ça papote, on sent les habitués qui discutent amicalement avec la serveuse.

Je demande conseil à la serveuse qui m’a dit aimer la végétarienne. Effectivement elle a belle allure, les légumes ne semblent pas sortis d’un mélange Picard. Parfaite cette pizza. A l’heure où l’enfumage des pizzas bat son plein à Paris (parfois c’est très bien, souvent c’est cher et pas renversant), et dieu sait si j’aime la pizza napolitaine, je suis bien content de trouver des valeurs refuges : des pizzas à bon prix, TRES BONNES, qui n’ont pas besoin d’un story telling à base de four napolitain hyper lourd et blablabla…

J’ai pris le dessert : crème de chocolat à la fleur d’oranger.

Un soir de détresse, je sortais d’un évènement à 21h30, la dalle, pas envie de me cuisiner des pâtes chez moi à 22h. Je file au Mercure. Là je tombe sur Kamel, je lui demande s’il n’a pas une pizza qu’il aime car j’ai déjà goûté la végétarienne. “Tu aimes la bufala?” “Ah ben oui, mais je ne vois pas de bufala sur la carte”. “T’inquiètes pas”.

Il revient avec mon verre de vin et une grande bouteille d’huile pimentée.

Quelques minutes plus tard, voilà ma pizza à la mozzarella di bufala : terrible cette pizza!

Le Mercure c’est le top. La température monte vite là-bas 🙂 Une pizza buffala, un bon verre de vin rouge, un Calvados : 15 euros, on a vite envie de se mettre bien pour pas cher.