Song Heng – Paris (75003)

Un bon plan bobun et phở à connaître dans le quartier d’Arts et Métiers mais il ne faut pas vous sentir obligé de faire la queue de peur de rater  un plan de dingue (on n’est jamais obligé de la faire pour un resto d’ailleurs) : c’est très bon mais cela doit rester un plaisir simple qui corresponde à votre emploi du temps.

Mon dernier article datait de 2013. Récemment, un jeune bossant chez un caviste me parlait régulièrement du bobun de Song Heng dans lequel il voulait m’emmener. J’étais moyennement emballé car je n’en gardais pas un souvenir dingue mais finalement à force, j’ai eu envie d’aller voir. Le fait est que j’ai été très agréablement surpris. Alors oui il y a la queue et si on est tout seul ou pressé, ça ne colle pas du tout, mais là, à 2, tranquilles, en ayant le temps, l’attente est passée finalement assez vite. Il faut dire aussi qu’on était en décalé, vers 14h.

C’est tout petit et toujours au pied de cette maison dont on a longtemps cru que c’était la plus ancienne de Paris alors qu’elle est de 1654 tandis que la doyenne de fait, la maison de Nicolas Flamel rue de Montmorency, est datée autour de 1400.

“Cette légende urbaine a eu la vie dure car ce n’est qu’à la fin des années 1970 que le mythe est tombé. La découverte d’un acte notarié de cession de la maison daté de 1654, mentionnant explicitement sa construction 10 ans plus tôt sur un terrain vague, a mis fin à la supercherie. Bourgeois probablement enrichi par son travail de menuisier, Benjamin Dally avait construit sa demeure au milieu du XVIIe siècle en reproduisant le modèle médiéval. Un bâtiment d’autant plus surprenant que la construction de maisons à colombages était interdite, de manière à éviter la propagation du feu.”

J’ai trouvé l’accueil plutôt sympa, c’est désormais le petit-fils du fondateur et non plus le fils qui était là lors de mon dernier passage en 2013 et que le service est moins directif que dans mon souvenir (en relisant mon ancienne chronique).

Comme je préparais une visite du quartier chinois des Arts et Métiers et que j’ai donc bossé l’histoire du « peuplement » ici, j’étais étonné qu’il y ait un restaurant vietnamien car depuis les années 30, c’est essentiellement la communauté wen zhou qui est installée ici. Je suis donc allé interroger le patron qui m’a expliqué que le resto a été fondé en 1979 par son grand-père qui était cambodgien d’origine chinoise. Il est arrivé dans le 13ème arrondissement dans le quartier « chinois » des Olympiades et comme c’était saturé, il a décidé de bouger ici. Lorsque j’ai demandé au patron si l’arrivée de son grand-père au sein d’une communauté qui n’était pas directement la sienne n’avait pas créé des remous, il m’a répondu que c’était une autre époque avec d’autres mœurs et que son aïeul était déjà âgé au moment de son implantation, on l’avait respecté.

J’ai demandé quand même si c’était courant de cuisiner le phở au Cambodge, le monsieur m’a dit qu’il y en avait aussi, ce que j’ignorais.

J’ai donc pris un bobun et la personne qui était avec moi un phở. Le bobun était délicieux, très frais, les nems sont maison, j’ai demandé pour être sûr (c’est tellement rare à Paris), on m’a dit que oui.

Le phở était servi avec de la menthe, ce que je n’avais encore jamais vu. Je l’ai goûté rapidement, il était bon.

En conclusion, je dirais que c’est le meilleur plan asiatique du quartier avec Maison de Chengdu (globalement je trouve que ce n’est vraiment pas un quartier dingue pour la bouffe), d’ailleurs les deux sont quasiment en face l’un de l’autre. Je ne me forcerai pas à faire la queue à Song Heng, mais si vous avez du temps et l’envie de manger un excellent bobun ou un phô original avec une bière à 4€ alors c’est ici que ça se passe.
Ce que j’ai aimé outre la cuisine, c’est que malgré l’affluence, l’accueil est bon, on respecte tout le monde et on ne vous traite pas comme du bétail. Après bien sûr, la file de clients attendant dehors étant longue, vous ne resterez pas une demi-heure à papoter à table après avoir fini votre plat.