Ristorante l’Ulivo – Gonnosfanadiga – Sardaigne (Italie)

Ce resto tenu par un couple (madame en salle, monsieur en cuisine) est un bonheur : cuisine maison centrée sur le terroir mais avec un brin d’inventivité par moments, le tout dans un cadre confortable sans être posh, une vraie trattoria bistronomique, d’ailleurs j’invente ici le terme trattorianomique.

Nous avions prévu d’aller vers l’ouest de Cagliari pour une sortie d’une journée, le point de départ : les salines de Conti Vecchi puis à l’ouest le Laboratorio Artigiano Su Pani Froriu à Villamassargia pour choper des fregola maison, ensuite la ville d’Iglesias et son héritage espagnol. Restait à trouver un bon resto. J’ai balayé large car j’étais exigeant et j’ai trouvé cet Ulivo qui a tout de suite conquis mon coeur. Le résultat était exactement ce que j’avais imaginé, même un peu mieux.

Autant vous dire que le village en cette fin décembre n’était pas particulièrement riant, le resto se trouve sur une petite placette et on aurait vite fait de le rater si on ignorait son existence.

C’est la maison des parents, de madame si je me souviens bien, que le couple a entièrement restaurée et transformée en restaurant, en abattant notamment des cloisons permettant ainsi de créer cette salle de restauration d’un tenant. C’est à l’ancienne et en même temps confortable.

La dame était très sympa, je l’avais eue au téléphone pour demander jusqu’à quelle heure nous pouvions arriver, elle m’avait répondu “jusqu’à 14h sans problèmes”, ah l’Italie (et les pays du sud en général), c’est pratique. Elle était vraiment chaleureuse et nature, aidée en salle d’une jeune femme, elle aussi sympathique bien qu’un peu intimidée car encore en formation m’a-t-il semblé. Le mari est en cuisine et nous ne l’avons pas vu.

Ici on se fait plaisir, autour de 13-15€ les antipasti et 18-20€ les plats, tout fait envie ou presque.

Entrées

Tartare de cernia, huile de cèdre, menthe et artichaut

Pecorino fondu, compote de coings et miel de brousse

En vin, j’ai demandé quelque chose de plutôt nature et de local qui aille bien avec nos différents plats (pas évident : on avait un genre de fish and chips de morue, des pâtes al ragu et du pigeon ramier), elle m’a alors conseillé ce Cannonau de la Cantina Lilliud : de couleur rosé, perlant, surprenant et parfaitement pertinent ici. Je recopie une partie du texte trouvée sur ce site Siendas spécialisé dans le vente à l’étranger de produits sardes : “Le secret de Pantumas réside dans sa technique de transformation très particulière qui n’utilise que le moût de ruissellement, la partie la plus noble du raisin, travaillée sans le marc. D’où la couleur claire, qui varie selon les millésimes, et la forte concentration des tanins les plus nobles. Le résultat est un vin qui parvient à combiner la fraîcheur, l’acidité et les arômes floraux des grands blancs avec le corps et la persistance de rouges de qualité. L’éventail des combinaisons est riche: servi à 7 ° C, Pantumas est idéal avec les huîtres et les fruits de mer crus. Il accompagne également parfaitement les charcuteries et les fromages”.

Plats

Plat du jour : des pâtes sardes, pillus, originaires de la région d’Oristano. Elles étaient servies avec la même sauce al ragu que les culurgiones plus bas. La personne qui les a prises a trouvé que les pâtes elles-mêmes manquaient d’intérêt.

Je voulais absolument faire goûter les culurgiones à la personne qui les a finalement prises, ils étaient bons, mais la sauce al ragu manquait de caractère et ça se voyait à sa couleur un peu pâle je trouve. Pour le coup j’aurais préféré que la personne les goûte de la manière la plus traditionnelle possible, par exemple avec des tomates comme dans le resto Da Concetta à Jerzu.

En revanche, la personne et ma pomme qui avons pris les deux dernières portions de ce plat du jour nous sommes régalés comme jamais, jugez plutôt : un colombaccio soit un pigeon ramier, un régal! Parfaitement cuit, copieux et quelle aubaine de pouvoir goûter un pareil plat.

Dessert

Il était original, il s’agissait de mousse de pabassinos ou papassinos donc une mousse faite à partir de ce biscuit typique sarde qu’on sert notamment à la Toussaint. Malheureusement il était en-dessous du reste du repas car trop sucré et un peu trop monotone comme goût, après toutes ces saveurs et un repas consistant, j’aurais aimé un peu d’acidité et de fraîcheur.

Raviolini de ricotta, agrumes et miel de brousse, hum ça c’est bon.

Malgré les quelques réserves nous avons tous les 5 adoré ce moment passé ici, le repas, l’ambiance, la qualité des produits, des plats, du vin et du service ainsi que le prix qui n’assassine pas, c’est dur en Sardaigne de trouver cette gamme de restos située entre la trattoria traditionnelle d’arrière pays et le resto qui se donne vite des airs de cuisine sophistiquée avec les prix qui vont avec, là c’est pile dans le mille Emile.