Daniel Soulié (Musée du Louvre)


14.04.14 - Guillaume - 716lavie

Daniel Soulié est archéologue et historien d’art et travaille au Louvre. Il a cette triple qualité propre aux véritables passionnés : sa passion est communicative, il est sans langue de bois car la passion n’admet pas la tiédeur et enfin il est didactique car la passion se partage!

 

1) Bonjour Daniel, peux-tu nous présenter ta mission au sein du Louvre ?

Je suis chargé de médiation muséographique, c’est-à-dire que je travaille à rendre compréhensible pour le public les collections qui sont présentées de manière permanente au Louvre, plus précisément lorsqu’il s’agit de salles nouvellement réaménagées ou de nouveaux départements. Dans ma direction, la DPPEA, nous sommes deux personnes à faire ce travail.
Mon rôle est par exemple de définir les chartes éditoriales qui encadrent la rédaction de tout ce qui est écrit par les responsables scientifiques dans un espace précis, je relis tous les textes rédigés et propose des simplifications et/ou des modifications, je définis tous les contenus « pédagogiques » des multimédias et des visites qui sont proposées. C’est un énorme travail mais très intéressant.

 

2) Y a-t-il une période qui te touche plus qu’une autre ?

J’ai une formation de départ dans le domaine de l’archéologie égyptienne (j’ai participé à quatre campagnes de fouille dans le Sinaï). L’Egypte est donc un domaine que j’apprécie particulièrement mais, ayant suivi des études classiques d’histoire de l’art, j’ai travaillé aussi sur d’autres périodes et j’ai un amour tout particulier pour le 15e siècle en Europe du Nord (les Flandres et l’Allemagne) et pour l’Italie du Nord à la même époque (Bellini, Carpaccio, Crivelli). Ce sont des régions que le public connait moins bien que Rome ou Florence mais qui ont ma préférence. Je me suis enfin passionné par le monde islamique pour avoir travaillé pendant plus de trois ans sur le département nouvellement ouvert du Louvre.
Cela fait en fin de compte des domaines très différents !

 

3) Lorsque nous nous sommes rencontrés, tu nous a montré un plat de Samarkhand dans la salle du Louvre consacrée aux Arts islamiques car c’est l’objet qui te donnait le plus d’émotions.
Tu peux nous en dire plus sur ce plat ?

C’est une œuvre qui est d’une forme à la fois super élégante et d’une totale simplicité. Le plat est rond et doté d’un large rebord totalement plat qui sert de support au seul décor qui est une inscription en arabe. J’aime particulièrement la calligraphie arabe lorsqu’elle combine de longues horizontales et de hautes lignes verticales. Le plat est pour moi l’exemple même de ce que l’on peut créer d’élégant !

 

4) Beaucoup sont intimidés par la taille et le prestige du Louvre. Tu as écrit un Louvre Insolite et tu viens également de concevoir des parcours pour Blue Lion qui propose des visites guidées disponibles via son application pour téléphones.
Comment pourrais-tu résumer le Louvre ? Les 3,4 choses principales à voir pour avoir une vue d’ensemble.

C’est toujours difficile d’arriver au Louvre sans avoir au moins sélectionné quelques œuvres que l’on souhaite voir. Le musée est très grand et on parcoure sans s’en rendre compte des kilomètres de salles et d’escaliers et de couloirs. Le musée est en plus très visité et souvent bruyant donc fatiguant… Ces points noirs sont aussi la force du musée car vue sa taille, il est toujours facile de trouver des départements entiers peu visités.
Le public vient voir les trois chefs d’œuvre que sont la Joconde, la Victoire de Samothrace et la Vénus de Milo. Difficile de s’en passer mais je conseille de commencer par eux et, ensuite, d’aller se perdre dans les salles de l’aile Richelieu, au département des Objets d’Art qui abrite un nombre étonnant d’œuvres magnifiques, dans les peintures françaises et des écoles du Nord. On oublie un peu vite que le Louvre abrite la plus grande collection au monde d’art français des 15e-19e siècles !

 

5) Quelles sont pour toi les salles coups de cœur ?

La salle où se trouve l’autoportrait de Dürer et d’autres portraits allemands du début du 16e siècle parmi lesquels 5 œuvres de Holbein (Richelieu 2e étage).
Les salles du parcours chronologique de l’Egypte : c’est une succession de chefs d’œuvre comme peu de musées au monde peuvent en aligner ! (Sully 1er étage)
La partie basse des nouvelles salles des arts de l’Islam ; les tapis, les portes de bois, les carreaux de revêtement muraux créent une ambiance magique ! (Denon entresol bas)

 

6) As-tu le temps d’aller dans d’autres musées en tant que visiteur ? Si oui, quels sont ceux que tu aimes ?

J’ai un amour particulier pour Berlin et ses musées. C’est pour moi la plus belle découverte que l’on puisse faire quand on s’intéresse à l’art. Le nazisme, la guerre et la division de l’Allemagne ont fait oublier au public la richesse des collections berlinoises, c’est un éblouissement quand on a l’occasion d’y aller.
Sinon, plus près de nous, le musée des Beaux Arts de Lille est fabuleux ! A une heure de TGV de Paris, c’est pour moi le plus somptueux des musées de province.
N’oublions pas non plus, j’ai un faible pour eux, les musées bruxellois…

 

7) Quelle est l’idée reçue numéro 1 sur Le Louvre ?

C’est le plus grand musée du monde !
Difficile à porter cette appellation sur les épaules car elle est indéfendable. C’est peut être le plus étendu en surface, le plus visité, le plus célèbre, ses collections sont éblouissantes de richesse et de diversité mais le côté « plus grand que le reste » m’a toujours gêné et me semble incorrect vis-à-vis des autres ! Des villes moins grandes ont des collections fabuleuses, il suffit d’aller à Dresde en Allemagne, à Venise en Italie, à Amsterdam aux Pays-Bas, les œuvres que l’on voit là-bas sont aussi incontournables ! L’idée du plus grand musée du monde est avancée par d’autres institutions sans argument plus valable. Le Victoria et Albert Museum de Londres affirme être le plus grand musée des arts décoratifs au monde ! Peut-être mais pour moi cela ne signifie rien et je prends un plaisir aussi grand à découvrir un petit musée.

 

8) Tu as des bons plans restos pour casser la croûte autour du Louvre?

Autour du Louvre même c’est difficile ! On est en plein cœur du Paris touristique et il faut abandonner l’idée d’un casse croûte rue de Rivoli, sans tomber dans la caricature, c’est cher et pas bon…
La rue Jean-Jacques Rousseau, entre la rue Saint-Honoré et la rue du Louvre propose quelques bons restaurants chinois, italiens et français, c’est sans doute le meilleur rapport qualité prix du quartier. Il y a aussi les restos japonais de la rue Sainte Anne, ça sort un peu des sushis/sashimis/makis traditionnels mais c’est très bon !

 

9) As-tu une ou deux choses à ajouter ?

Juste une. Le Louvre se découvre petit à petit. Le palais est immense, il ne faut pas hésiter à y revenir régulièrement pendant une heure avec un but de visite précis (une salle, un groupe d’œuvre). Il faut savoir apprivoiser le palais.
En fin de compte, le Louvre reste malgré lui l’institution artistique la plus incontournable !

 

Notes :

1) Daniel Soulié a écrit Le Louvre Insolite pour découvrir Le Louvre différemment (ci-dessous)t.

2) Je suis aussi chroniqueur gastronomique et je vous renvoie vers l’article que j’ai écrit sur les restaurants japonais de la rue Sainte Anne mentionnés par Daniel : https://www.716lavie.com/2008/03/mes-bons-plans-de-la-rue-sainte-anne.html

3) Par ailleurs Daniel et moi figurons tous les deux dans le reportage sur Paris diffusé sur la télévision flammande (Daniel à 5’30 et moi à 12′) : http://www.een.be/mediatheek/tag/17

 

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