Coco – Miramar (Nouvelle Zélande)
28.09.13 - Guillaume - 716lavie
Wellington
Brunch de 9h à 15h et dîner à partir de 17h, tous les jours
http://www.roxycinema.co.nz/page-coco.php
Les cinémas ont une place primordiale à Wellington : cinémas massifs des années 20 ou 30, entièrement modernisés, ils sont des lieux de vie au confort hallucinant. Le Coco est le restaurant du cinéma culte le Roxy : on y mange bien dans un décor envoûtant. La prestation culinaire mériterait de l’être également, c’est le cas par moments, moins par d’autres. Il n’empêche que dîner là-bas est une expérience qu’on ne regrettera pas.
Le Roxy, ancien Capitol, et un peu de culture kiwi aussi
Le Roxy est le nom qui a été donné au cinéma le Capitol lorsqu’il fut repris par des membres de l’équipe fondatrice de Weta workshop, la société de production en charge des effets spéciaux et des décors des films de Peter Jackson. Il faut savoir que Weta emploie quasiment la moitié de la population de la ville de Miramar. Peter Jackson et avec lui Weta sont ultra-respectés en Nouvelle-Zélande : il a percé à Hollywood tout en restant un franc-tireur relativement indépendant, il a contribué par sa carrière mais aussi beaucoup par Le Seigneur des Anneaux à faire connaître ce petit pays aux yeux du monde. La Nouvelle Zélande manque de reconnaissance et d’attention : c’est le pays le plus isolé du monde et même s’il fait rêver beaucoup de monde, de son propre aveu il souffre de ce qu’on appelle le ” tall poppy syndrome” : une tendance à s’empêcher de se mettre en valeur. Le point positif c’est que cela donne une population humble qui ne la ramène pas, le point négatif c’est qu’elle aimerait s’autoriser de rêver un peu plus par moments. D’où l’effet salvateur du succès et de la réputation des All Blacks, de Peter Jackson et des Weta Workshops ou encore de l’équipe de la Coupe America (qu’elle a malheureusement perdue cette année alors qu’ils menaient au départ 9 à 1 face aux Etats-Unis).
Donc pour en revenir au cinéma c’est un rêve éveillé : on rêverait d’y emmener ses enfants. D’abord la ville de Miramar est un havre de paix le long de la baie. La ville devient d’ailleurs un lieu important de la scène gastronomique de Wellington avec l’ouverture relativement récente du Café Polo, du Larder et de la Boca Loca.
L’histoire du Roxy qui trône en centre ville est longue. Le cinéma a ouvert ses portes en 1928 et les a fermées en 1964. Il fut transformé en centre commercial. Les Camperdonw studios l’ont ensuite racheté en espérant le faire revivre mais les projets ont semble-t-il capoté au grand dam des cinéphiles. Finalement l’équipe des Weta Workshops a réussi à finaliser la réhabilitation, non sans mal.
Ici cette vidéo qui n’a pas d’autre intérêt que de montrer l’esprit dans lequel le cinéma a été réouvert.
Le cinéma a rouvert ses portes en avril 2011. On comprend mieux l’attachement des locaux à un pareil lieu, surtout dans un pays à l’histoire aussi jeune. Pour ma part, cela n’a fait que raviver le sentiment de déception que j’ai en pensant à tous les grands cinémas parisiens qui ont disparu, notamment le Pathé Wepler qui fut magnifique et gigantesque. Pour un pays qui se targue de conserver ses vieux bâtiments, on aurait pu faire un effort, bref, ce qui est fait est fait.
On a mis des moyens et du goût dans l’aménagement : déco incroyable, capitonnée, truffée de personnages tirés des Weta Wroskhops, système de sono hallucinant (ci-dessous ce robot peint au plafond cache des enceintes dernier cri), même dans les toilettes la musique diffusée a un tel son qu’on a l’impression d’être dans un studio dernier cri.
Le restaurant
Coco trône au rez-de-chaussée du Roxy. Je préfère être dans la partie située derrière les rideaux que dans celle plus en avant exposée au hall d’entrée.
Nous avons eu une serveuse franco-kiwi ayant grandi en France qui a relevé le niveau car selon moi le manager n’était pas à la hauteur de l’ambition du lieu : d’abord un accueil un peu curieux, puis il nous a ensuite apporté notre plat de viande alors que nous venions d’avaler la dernière bouchée de notre plateau d’entrées.
La serveuse était elle parfaite, non pas parce qu’elle était française cela va de soi mais la connaissance du service à la française est certainement un plus; même si encore une fois j’ai eu des serveurs kiwis parfaits durant mon séjour.
D’une manière générale, la culture kiwi a pour elle un certain détachement, une tranquilité d’esprit, c’est reposant lorsqu’on vient de Paris. On sent par ailleurs un amour authentique pour la cuisine, une envie d’apprendre et de bien faire, le souhait de valoriser le terroir par l’utilisation de produits organiques. Mais ce qui a souvent péché dans les restos dans lesquels j’ai été, tout au moins ceux qui avaient l’ambition de proposer une cuisine créative de qualité, c’est le service. Non pas qu’il fût intentionnellement négligent mais il lui manquait une discipline sans laquelle un restaurant ne peut se hisser à un certain degré d’excellence. Ce soir-là en était l’illustration : c’est dommage surtout quand on sait pour le coup le perfectionnisme avec lequel travaillent les équipes en charge de films tels que le Seigneur des Agneaux. On pourrait imaginer que pour le restaurant qu’ils ont conçu, on retrouve la même rigueur.
Bon je suis un peu tranchant et j’appuie le trait mais je l’ai trop vu durant mon séjour pour passer à côté. On aurait envie de les aider en leur enseignant ces quelques détails de finition qui leur manquent souvent. Il n’y aucune arrogance française dans ce que je dis, après tout il nous a fallu un paquet d’années avant d’arriver là où nous sommes aujourd’hui, tout s’apprend. Et j’ai remarqué que les remarques que j’ai pu faire gentiment ici et là en fin de repas ont toujours été bien reçues, avec beaucoup d’intérêt d’ailleurs. J’ai senti une très grande envie d’apprendre.
Le repas
Entrées
Nous avons pris le plateau de dégustation pour deux à 38$
– arancini au parmesan et aux champignons avec de la roquette et une sauce aux amandes
– Là il y a un mélange , honnêtement je ne me souviens plus, de la citrouille, du porc, de la terrine de foie de volaille.
Plat
Filet de boeuf avec une sauce à la joue de boeuf, gratin de cèpes, épinards à la crème, prunes rôties au sherry ,38$.
La viande était divine, d’une tendreté absolue comme c’est souvent le cas ici.
Le souci c’est comme souvent la composition du plat : il y a au moins un élément en trop et pour ceux qui restent, ils sont trop lourds. Des épinards à la crème avec un filet de boeuf revenu à la joue, cela ne me paraît pas primordial : primo ça fait double ration de sauce (surtout qu’avec les prunes au sherry, ça fait trois), deuxio les épinards nature c’est délicieux. Je pourrais continuer comme ça longtemps, et vous aussi très certainement.
Une telle viande aurait mérité d’être accompagnée d’un minimum (quantitatif et gustatif) qui la souligne, lui fasse honneur et non pas la plombe.
Dessert
Panna cotta à la noix de coco avec crème de yuzu et glace à l’amande 14,5$
Ca c’était carton plein, le meilleur dessert que j’ai mangé en Nouvelle Zélande. Rien qu’à la vue, on repère qu’il y a de l’idée : les couleurs se marient bien entre elles, on a exploré une grande gamme de textures (glace, fruits crus, panna cotta).
Quant au goût, là aussi les saveurs se répondent harmonieusement : la glace à l’amande vient répondre à l’acidité des agrumes tandis que la panna cotta à la coco et la crème de yuzu jouent les juges de paix.
Réussite totale!
Il y a un livre à Wellington que tout gourmet a car il permet moyennant 45 dollars à l’achat de bénéficier de réductions dans de très nombreux restaurants de la ville, y compris les meilleurs (il y a aussi bien Burger King que Coco).
Nous avions droit à 25% sur la note, ce que je me dois de mentionner car l’addition est salée ici, or plus elle est salée, plus on est difficile.
Je garde pour ma part un excellent souvenir de l’impression globale de ce dîner. J’ai vu pas mal de critiques négatives sur le service, nous avons été gâtés ce soir-là ce qui aide à garder un bonne impression.
Je dirais pour conclure qu’un repas là-bas est un grand moment car le lieu est magique – encore plus si on va voir un film avant ou après -, la cuisine ambitieuse et loin d’être superflue. On fera néanmoins attention à choisir ses plats avec attention afin d’esquiver la lourdeur de certains et d’être sûr qu’on en a bien eu pour son argent.
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