Ye’s bistrot – Boulogne (92100)
05.04.24 - Guillaume - 716lavie
92100 Boulogne-Billancourt
Ouvert du lundi au samedi midi et soir
Bus : Marcel Sembat-Métro (42, 123, 126, 175, SUBB, N12, N61, N145)
https://yes-bistrot.fr/fr
Une très chouette adresse dans Boulogne, près du métro Marcel Sembat. Le menu déjeuner e/p/d est à 29, un peu élevé pour mon budget mais ça les vaut, c’est très fin et c’est quelque chose que je ne pourrai pas refaire chez moi. Service aux petits oignons, boissons un peu chères pour moi, une halte parfaite quand on veut aller voir le super musée des années 30 (très lié à mes visites Art Nouveau, Art Déco) et le musée Paul Landowski, tous deux situés dans la médiathèque de Boulogne.
C’est un lecteur qui me l’a conseillé et je lui en suis fort reconnaissant car le lieu n’est pas encore très connu.
Il est tout en longueur et donc très étroit et il est situé à côté d’un fast food, si bien qu’en venant, je ne voyais que le fast food et je me demandais bien où pouvait être le resto que j’imaginais comme une ancienne brasserie reprise alors que pas du tout.
Bien qu’il soit en longueur, les tables ne sont pas trop collées et c’est très agréable. Nous avons eu la chance, mais peut-être est-ce le resto qui veut ça, d’avoir des voisins sympathiques et cultivés de part et d’autre, si bien qu’il était agréable d’entendre les discussions. A ma gauche, une dame expliquait à deux autres à quel point elle avait aimé les villas Kerylos et Ephrussi de Rorschild à Nice, or il se trouve que j’ai adoré la villa Kerylos. J’ai donc surenchéri. Puis elle a retracé avec brio le destin de la famille Nissim de Camondo au grand complet et pour moi qui suis, comme bon nombre de guides, un grand fan du musée, j’ai été épaté. A la fin du repas, nous nous sommes retrouvés à papoter gaiement avec les trois dames et le chef, très sympa et détendu. La dame en question avait trouvé ce resto en faisant des recherches pour son anniversaire. Elle en avait essayé 5 à Boulogne en allant y manger seule et avait jeté son dévolue sur celui-là : le repas d’anniverdaire avait été une réussite, son fils avait beaucoup aimé le Champagne et elle était devenue depuis une cliente régulière.
Ils sont deux, madame et monsieur. Elle est de Pékin, lui au sud de Shangaï, dans la région du Zheijang, d’où est aussi le couple du fantastique Grand Bol. La dame est très sympa, douce et réactive. J’aime aimé le fait qu’elle ait su parfaitement accueillir ma remarque sur le prix élevé de la Tsing Tao, 5,5 euros le 33cl, sans le moins du monde s’offusquer. C’est rare et important les gens qui savent écouter. Pareil lorsque je lui ai fait un retour sur le riz, elle m’a dit qu’elle transmettrait à son mari, et là aussi, je me sentais entendu de manière factuelle sans que des sentiments négatifs viennent interférer avec l’information, c’est très appréciable.
Le chef est donc venu se poser à la fin à côté de nous et de fil en aiguille nous avons bien discuté. Il a déjà une longue carrière en cuisine, son dernier emploi était au Verre Volé rue de Lancry, il a donc traversé tout Paris en largeur pour venir se poser là. Il me confiait qu’il aimait boire des coups chez Nicolas, mon pote qui a le bar Carburant en face du Verre Volé, ça faisait plaisir. J’ai noté quelques-unes des maisons dans lesquels il a officié, mais il y en avait tellement que j’ai vite été perdu, il y a eu aussi bien des étoilés que le Comptoir Canaille ou Chez Vous, tous deux dans le 9. Pas à dire, il est doué. Forcément, venant du Verre Volé, il a commencé ici avec une carte de vins nature, mais une bonne partie des boulonnais n’étaient pas prêts, beaucoup renvoyaient les bouteilles, il a donc switché pour une carte très classique, ce qui m’a étonné au vu des associations qu’on pourrait faire avec sa cuisine créative. C’est ainsi qu’il m’a expliqué le pourquoi du comment.
C’était très appréciable de pouvoir se poser avec lui à la fin, ça ne m’arrive jamais en fait qu’un chef en fin de service viennent papoter à table avec les clients. (je n’ai pas dit “ça n’arrive jamais”, mais “ça ne m’arrive jamais”).
Entrée
Nous n’avons pris qu’une entrée que nous avons partagée, les ravioles de porc dans un bouillon pimenté avec cacahuètes et concombre. Elle était suffisamment consistante pour qu’on puisse croquer dedans à deux, les ravioles étaient farcies super généreusement, j’ai aimé le bouillon bien pimenté, là pour le coup on sentait qu’il n’avait pas voulu faire plaisir au plus grand nombre, mais qu’il avait suivi son intuition et sa culture, ce bouillon était fameux. La présentation est belle aussi, les concombres, les cacahuètes et le piment (?) viennent joliment égayer le tableau. Raviolis fantastiques.
Plat
Nous avons tous les deux pris le ceviche de merlu, mon dieu qu’il était bon, ouah, fantastique, un poisson d’une fraîcheur, d’ailleurs quand je lui ai demandé, il m’a dit qu’il était de la veille. Là aussi la composition est super belle et le jeu sur les textures est aussi réussi : le ceviche lui-même, consistant (ça j’ai apprécié d’avoir de vraies belles tranches), les patates douces fondantes, les petits pois verts de saison, la poire croquante, 20/20. Dommage qu’il n’y ait pas eu un bon verre de vin nature frais pour trancher avec le tout. Et pour les bières, il y aurait eu une Singha j’aurais pu me laisser tenter, mais une Tisng Tao non. Les autres bières, artisanales françaises, étaient trop chères pour moi. Bon en même temps, c’est bien aussi de faire un bon déj’ sans boire d’alcool.
Le riz nature était en revanche franchement raté, je me permets : sans intérêt, trop sec et il n’apportait rien au plat. Pas sûr que le riz soit le meilleur compagnon du ceviche, bon une fois qu’il ne restait plus que la sauce, le finir dedans était nickel, mais sinon non. Je me suis même demandé s’il ne pourrait pas le servir dans un bol avec de la sauce du ceviche, là ça pourrait le faire.
Dessert
Nous avons vu nos voisines prendre cette barquette de madeleines avec le café et nous avons craqué. Moi j’imaginais que c’était trop pour deux, mais le chef nous a dit que 1) c’étaient 8 euros les 20 et qu’il n’y avait pas moyen d’en prendre une seule ou quelques-unes car il les fait minute et que 2) on allait bien manger la majeure partie et qu’on rapporterait le reste; ce en quoi il n’a pas eu tort, on en a descendu une bonne palanquée et le reste le lendemain avec thé et café à la maison, impec’. En revanche elles sont servies avec un caramel (au beurre salé m’a-t-il semblé) et je trouvais ça trop sucré, j’aurais plutôt vu un bon chocolat chaud, mais c’est mon avis perso et la personne qui était avec moi était contente avec le caramel. Je trouve ça toujours dommage de finir un tel repas équilibré et en nuances avec quelque chose de trop sucré. J’ai en tout cas trouvé ça super généreux et bien meilleur marché que les boissons (en rapport).
Il y avait un cheese cake qu’on a partagé, délicieux mais un peu petit, là ça a été un peu la guerre entre nous, un coup de cuiller et hop l’autre qui est déjà en train de le rattaquer, bordel de merde, il est déjà fini.
Un super moment, un vrai petit bijou atypique que j’ai plaisir à recommander depuis que j’y suis allé. J’étais d’ailleurs content de rencontrer un blogger food boulonnais à une soirée gastronomique, vivant proche du resto et de réaliser qu’il ne le connaissait pas. Il y a juste une frustration côté liquide que je ne puisse pas me lancer à fond à cause des prix mais on restera sur le nom pour la fin, c’est un Ye’s.