Restaurant éthiopien Enat – Paris (75020)
18.06.24 - Guillaume - 716lavie
75020 Paris
Ouvert lundi, mardi, jeudi, vendredi, samedi midi et soir et dimanche et mercredi seulement le soir
Métro : Pyrénées (11)
Bus : L'Ermitage (26)
https://enat-ethioipia-resto.com/
Enat est un restaurant éthiopien ouvert depuis 2020 rue des Pyrénées, il vient combler un manque dans ce quartier: il y a bien Abyssinia à Porte de Bagnolet mais ce n’est pas le même coin.
Cela faisait un moment que je l’avais repéré et qu’on m’en avait aussi parlé, mais j’hésitais, je voulais être sûr que ce soit une cuisine qui se démarque : il y a pléthore de restos éthiopiens à Paris, mais c’est un peu comme les coréens ou les indiens, ils ont tendance à avoir un peu tous la même carte et pousser les plats qui marchent pour les français, à savoir pour les éthiopiens la formule d’assortiments. Je comprends la démarche et, commercialement, ce n’est pas facile, car il faut à la fois initier des clients français à une cuisine qu’ils ignorent mais aussi les amener à comprendre que l’injera remplace la fourchette. Ce que je regrette parfois, c’est que les restos ne font souvent pas assez de travail pour faire connaître leurs spécialités de la carte, un peu comme les restos asiatiques dans les années 80 et 90 qui avaient une carte à rallonge fonctionnant par numéro, on donnait son numéro, pas d’histoire ni d’explication. A contrario, les restos chinois qui proposent une cuisine régionale spécialisée à Paris depuis les années 2010 ont beaucoup fait pour faire connaître leurs spécialités.
Il existe pourtant des plats typiques éthiopiens délicieux tels que les tebs (grillades de boeuf), le doro wat (poulet épicé) ou le kitfo (tartare de boeuf) qui méritent d’être mieux connus . Quand on prend systématiquement le plat mixte, on a un petit aperçu de plusieurs plats, mais on n’assimile pas aussi bien un plat que lorsqu’on le prend seul. C’est pourquoi je conseille souvent de prendre un plat mixte pour bénéficier des différents légumes à bon prix et un plat spécialisé à côté. Je vous invite à lire mes articles liés aux restos éthiopiens à Paris ou à mon voyage en Ethiopie.
Pour le coup ici, ils ont deux spécialités que je n’ai jamais vues ailleurs me semble-t-il et que je n’ai pas goûtées mais que j’évoque dans la partie “Le Repas” plus bas.
Le restaurant est grand et agréable, confortable, il y a par ailleurs une bonne ambiance, j’ai bien aimé la diversité des clients (en termes d’âge et d’origine), une atmosphère détendue et bon enfant, quelque chose dont on a toujours besoin, mais particulièrement en ce moment.
L’équipe familiale est sympathique, à l’écoute, en arrivant j’ai demandé qui composait l’équipe au monsieur qui était seul en salle alors qu’il y avait du monde en cuisine. En fait le couple de propriétaires est composé de monsieur en salle et de madame qui est cheffe, tous deux vivent en France depuis un moment à ce que j’ai compris, elle travaillait auparavant dans des restos qui pratiquaient une autre cuisine et monsieur, originaire d’Addis Abeba, avait une société dans l’informatique. Ils se sont lancés en plein covid et ont récupéré ce grand local. Il y avait deux jeunes gens aussi en salle par la suite, dont leur fille qui s’est occupée de nous question service et un jeune homme à la caisse. Outre la fille des patrons, il y avait aussi une autre personne au service.
Le service est cordial et à l’écoute.
La carte est ramassée et claire avec de bons prix. J’ai un peu “bataillé” (façon de parler) avec la jeune femme parce que je voulais éviter de prendre l’assortiment de spécialités, mais finalement on l’a pris avec un tebs (tebesse) et j’ai demandé à ce qu’on enlève la salade verte – – tomates cerise parmi les assortiments car si on mange bien de la salade verte durant la période de jeûne en Ethiopie, cela n’est pas non plus un mets si fréquent dixit une amie éthiopienne d’Addis, je précise cependant qu’on la trouve systématiquement dans les restos éthiopiens à Paris. Par ailleurs, je sens plus la patte d’un(e) chef(fe) dans les plats de légumes mijotés que dans la salade. Très sympa, l’équipe a accepté et nous avons donc eu un peu plus des autres.
Parmi les plats étonnants qu’on ne trouve pas ailleurs, les deux spécialités de la maison, Kikile et Kuanta Firfi . Mon amie éthiopienne me disait à propos du kikile : “un plat réconfortant lorsque les gens tombent malades et veulent manger une cuisine qui les aide à se rétablir.” Elle était elle-même très étonnée qu’on la propose à la carte, me disant que c’était très authentique et pour ma part c’est la première fois que je le voyais proposé en Europe.
Le tebs était très bon, j’ai demandé de la Mitmitta pour accompagner, cet assortiment de piments en poudre qui fait office de moutarde, on la pose sur l’injera du plat et on trempe ensuite sa viande dedans. Pour les assortiments de légumes, ils sont très bons, cela fait clairement la différence avec d’autres restos. Mon amie éthiopienne s’est étonnée de ce qu’il n’y avait pas de shiro qui est normalement l’ingrédient principal et joue le rôle de sauce. La sauce du doro wot était bonne, mais j’ai trouvé le poulet de pas super qualité, il se délitait trop vite et était d’un rose très clair.
Concernant l’injera, elle avait un bon goût acidulé bien qu’elle ne soit pas faite avec du teff, mais avec un mélange de farine de sarrasin et de farine de blé. En Ethiopie, l’injera qui sert à la fois de pain et de fourchette est à la farine de teff mais celle-ci est chère et difficile à obtenir en France, elle a par ailleurs un goût acidulé auquel les français ne sont pas habitués, pour toutes ces raisons les restos éthiopiens en France utilisent souvent de la farine de sarrasin mélangée ici à de la farine de blé. Cela étant , le patron m’a expliqué qu’il voulait en faire venir directement d’Ethiopie afin d’en maîtriser totalement la provenance. Si vous voulez goûter des vraies injeras éthiopiennes à la farine de teff directement importées d’Ethiopie, appelez l’épicerie éthiopienne Marché Mercato dans le 10ème pour guetter les arrivages.
Ils n’avaient plus de Saint-George, la bière qui est souvent la seule à être proposée dans les restos éthiopiens mais il y avait de la Habesha qui est très bonne.
J’ai passé un très bon moment, je trouve que ça se combine très bien avec un apéro dans le bar à bières Gush qui est à 5′ à pied. La cuisine est bonne, il faut un peu appuyer pour sortir de la formule mais on est récompensé.
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