Couscous Le Kouriet (Chez Brahim) – Paris (75015)


12.04.19 - Guillaume - 716lavie
Le Kouriet
23 - 25 rue Viala
75015 Paris
01 45 79 06 05
Ouvert du lundi au samedi midi et soir
Métro : Dupleix (6)
Bus : Rue Rouelle (42)
- Le résumé -

Le Kouriet est non seulement le plus vieux couscous de Paris (1963), niché à proximité du métro Dupleix (qui l’eût cru?), c’est aussi un petit trésor d’authenticité, humaine et gustative.

- La petite histoire -

Je devrais dire LES petites histoires car il y en a pas mal pour le coup.

Petite Histoire 1 : la génèse

J’avais deux adresses à inspecter dans le 15, je me décidais donc à consacrer 1h30 à marcher dans le quartier de Beaugrenelle. Bien m’en a pris, la 1ère adresse a tout d’une bonne pioche, j’ai toqué à la porte de l’établissement fermé (il était 10h30) et le monsieur qui pliait des serviettes est venu m’ouvrir (ce n’est pas le cas de tous les restos hors des heures d’ouverture) et s’en est suivie une discussion sympathique. J’ai déniché plein d’autres spots durant cette balade donc affaires à suivre…

Petite Histoire 2 : le quartier

Ensuite ce quartier m’intéresse d’autant plus que depuis que je me suis penché sérieusement sur l’histoire du quartier des Olympiades dans lequel j’anime des visites guidées, je m’intéresse aussi à ceux qui sont sortis de terre sensiblement à la même période comme Beaugrenelle. Sans doute encore plus qu’Olympiades, Beaugrenelle est ce quartier que j’appelle “bâtard”, non comme une insulte, mais parce qu’il est véritablement le fils illégitime de 2 Paris; d’ailleurs en déambulant, on s’aperçoit bien du caractère unique de cette juxtaposition d’architectures et d’époques, non pas seulement par sa nature, mais par son ampleur.

Autre chose intéressante, c’est me semble-t-il l’arrondissement de Paris, avec le 18 et le 12, où les HBM – les habitats bon marché, ancêtres des HLM, construits en briques car moins cher, des années 30 jusqu’aux années 50 – sont les plus proches du “centre” de la ville.

Petite Histoire 3 : la découverte

En remontant la rue Viala pour aller prendre le métro Dupleix, mon oeil est attiré par un vieux café deux messieurs d’un certain âge d’origine maghrébine à l’intérieur. Je suis étonné car on ne s’attend pas à trouver ça dans le 15, en tout cas ici près de Dupleix. C’est plus un truc du 18 ou du 19, 20. Je vois que c’est un café avec un petit resto attenant. Cela me rappelle le tant  Couscous Nevers Café que j’adore rue au Maire et qui s’appelle désormais l’Etoile Berbère depuis qu’il a déménagé du numéro 14 au numéro 17. Je continue mon chemin, non sans avoir noté le nom. Quelques 50 mètres plus loin, je dépasse un maghrébin d’un certain âge, j’en profite pour lui demander ce qu’il pense du Kouriet, je pouvais être sûr qu’il le connaissait et quelle que serait sa réponse, elle allait m’apporter des éléments d’information. Il me répond : “ah oui c’est très bien”. Je regarde alors les avis sur google : 52 avis, une note de 4,8, parmi les personnes ayant laissé des avis, beaucoup ont de nombreux avis à leur effectif. Quand vous voyez un resto largement plébiscité par des personnes n’ayant publié qu’un ou deux avis, vous pouvez être sûr que ce sont soient des amis des patrons, soit des clients la Fourchette, soit les deux.

Petite histoire 4 : l’avant repas

Avec les fidèles acolytes avec lesquels je teste bon nombre de restos, nous nous retrouvons pour un apéro dans les parages du lieu du crime, c’est au premier arrivé sur zone à dénicher un lieu sympa. Là j’en profitais pour re-déambuler dans le quartier, je voulais fuir les plans éculés du 15 rabâchés ici et là, notamment le long de la 6. Je marchais donc en direction de Beaugrenelle depuis le métro Dupleix. Je tombe d’abord sur une brasserie avec des trentenaires qui boivent des pintes debout autour de tables hautes en extérieur. Je me dis que ça peut être sympa, le patron semblait portugais, je demande tout de même le prix de la pinte avant de commande : 6,80 euros la pinte de 16, j’ai cru que j’allais tomber en inanition et finir à l’hôpital Pompidou. Je suis donc ressorti et j’ai continué jusqu’à tomber sur une brasserie à la devanture assez cool et avec une terrasse absolument noire de monde : l’Abreuvoir. Le service était très sympathique, 5 euros la pinte de Blondinette, servie dans un verre de 16. Les plats m’ont eu l’air en revanche assez chers. L’ambiance du lieu est très séduisante, c’est LE point de rendez-vous des gens cools de ce quartier finalement assez moderne, on se croirait dans le 10 vers la rue du Faubourg Poissonnière, mais on est dans le 15 donc ce spot est isolé au milieu d’un océan de calme, ça change.

- Lieu -

C’est à la fois un hôtel, un café et un restaurant. Des gens qui arrivent d’Algérie passent par l’hôtel et vont manger ici le soir, ça leur fait un sas d’introduction à la France. Le restaurant, lui, sert une clientèle totalement diverse le midi : “française, kabyle, arabe, chinoise, de tout, nous sommes totalement ouverts” me dira le fils du patron, Sami, au téléphone.Voici la salle du restaurant simple et de bon goût, j’apprécie qu’on ait la place. Nous étions seuls puis est venue une famille composée des parents et de leur fille, jeune ado. Nous avons sympathisé avec eux et ils nous ont dit que c’était une des adresses les plus solides du quartier, qu’ils venaient souvent ici.

C’est le 1er couscous que je vois à Paris avec un vêtement traditionnel au mur et vous?

Ca, je n’avais jamais vu non plus, autant vous dire que ça vaut plus qu’un oscar et un certificat trip advisor réunis.

En sortant un homme de 30-40 ans feuilletait ce magazine collector en compagnie d’un autre plus vieux.

- L'équipe -

Quand j’ai appelé avant pour réserver ou à tout le moins nous annoncer, le monsieur m’a dit : “vous êtes bienvenus”. Quand je suis entré le vendredi soir avec deux proches, il y avait 5,6 messieurs qui parlaient dans le bar qu’on doit traverser pour rejoindre la salle du restaurant. Parmi eux, celui auquel je m’étais adressé la veille dans la rue, qui m’a reconnu et m’a adressé un sourire doublé d’une exclamation qui voulait dire : “ah ben vous voilà, vous êtes venu”.

Le patron a 82 ans (ci-dessous), le restaurant existe depuis 1964. C’est lui en cuisine, c’était touchant, nous avons bien discuté à la fin. Il m’a montré sa carte d’identité pour que je vois sa date de naissance et m’a expliqué que la préfecture de police était venue 4 fois car elle ne pouvait pas s’imaginer que c’était toujours la même personne depuis tout ce temps (pas sûr que j’ai compris à 100% l’anecdote mais c’était l’esprit). C’est son gendre qui nous a servi et qui était adorable aussi, très arrangeant : direct il est allé chercher une autre table de 2 qu’il a collé à nos deux tables afin qu’on ait la place de poser tous les plats.

J’ai demandé d’où venait le nom Kouriet, unique pour un couscous à Paris, il m’a dit que c’était l’endroitde de Kabylie d’où ils étaient originaires et a de suite parlé du chanteur Slimane Azem, l’idole de la région, qui a vécu à Montauban m’a-t-il dit mais il semble que ce soit plutôt Moissac. Voyant notre intérêt, il est alors revenu avec une grande carte (voir vidéo ci-dessous) sur laquelle le Kouriet est bien représenté : c’est un massif détaché de la chaîne de montagnes du Djurdjura voisine.

Voici un très bel article à propos de Slimane Azem paru dans Télérama : Slimane Azem, le Brassens berbère de Moissac et ci-dessous une de ses chansons

et ici une vidéo extraordinaire

- Le repas -

La semoule arrive avec des morceaux de beurre qui fondent.

Ce qui m’a beaucoup plu par rapport à pas mal de couscous que j’ai mangés dernièrement, c’est qu’ici le bouillon de légumes est relevé, je le trouve souvent trop dilué

On n’avait pas envie de choisir alors on a pris la totale : méchoui, brochette et merguez. Le méchoui c’est le mardi et le vendredi. Le tout arrive avec des piments comme au bled. Le méchoui est fondant, les brochettes n’étaient pas assez cuites pour nous donc on a demandé à leur remettre un petit coup, aucun problème, elles sont revenues parfaites.

J’ai lu dans les commentaires de mon post instagram qu’une personne était choquée qu’il y ait des raisins dans un couscous kabyle, j’ai googlé un peu la question et honnêtement je n’en sais rien, mais j’étais bien content de les avoir ces raisins. En revanche, comme vous pouvez voir, les pois chiches étaient déjà dans le bouillon et non servis à part.

Le Medea passe très bien.

- Le bilan -

Nous avons fait ensemble un petit jeu, comme j’ai l’habitude de le proposer, qui consiste à essayer de deviner le montant par personne. Nous hésitions entre 23 et 24 euros, ce fût 17. Quand j’aime un lieu comme cela, je n’ai pas envie d’en faire des tonnes, ce serait trahir l’âme de l’endroit que de faire un titre aguicheur du style “Vous ne devinerez jamais où se trouve le plus vieux couscous de Paris”, non on va rester simple et vous dire : allez-y.

Depuis la publication de cette chronique, j’ai organisé un dîner mystère au Kouriet. Le duo de dj’s Toukadime a concocté une sélection en l’honneur de ce dîner et donc du restaurant.

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