Le Verre à Pied – Paris (75005)

Un bistrot resté dans son jus et qui ne joue pas ce côté “Dernier des Mohicans”, ça fait plaisir, pensez-vous! Un rosbif à 13 euros rue Mouffetard, qui dit mieux? Attention résa indispensable.

Un ami du 5ème me l’avait conseillé et je l’avais mis sur ma google maps puisque ne figurent sur cette dernière que les lieux qui m’ont été conseillés et que je n’ai pas encore essayés. Alors que je m’occupais d’étudiants de l’Institut Français de la Mode dans le cadre de mon activité de guide, j’ai eu une pause déjeuner d’1 heure. Il y avait bien les sandwichs libanais d’Au Vieux Cèdre ou vietnamien de Bahn Mi Descartes, mais cette fois-ci je voulais m’assoir. Je retombe alors sur ce “Verre à Pied”, l’ami en question m’avait évoqué un dimanche matin-midi qu’ils avaient passé là assez mémorable.

Je descends la rue Mouffetard, à la fois curieux et inquiet : je suis passé des centaines de fois ici et je ne vois pas du tout quel petit bon plan pourrait s’y cacher que j’aurais raté. Et puis finalement, là, tout petit, un poil en retrait de la rue comparé aux autres établissements, le voici. Je regarde, je tombe sur le patron, là c’est le test. En effet on m’a conseillé plein de vieux troquets et puis quand vous rentrez, on vous teste du regard façon de vous faire comprendre que vous n’êtes pas un habitué : remplacer un snobisme branchouille par un autre tradi, non merci. Ici rien de tout cela, le patron m’accueille comme dans les bons bistrots, ceux dans lesquels on sait faire tourner sa salle en accueillant tout le monde.

Ici les gens se parlent, les habitants du quartier se rencontrent et échangent, c’est encore une partie du 5ème vivant et simple qui s’exprime ici. J’anime une visite guidée du quartier latin si vous êtes intéressé(e) pour le (re)découvrir.

Le troquet est dans son jus.

Le patron est au comptoir, sa femme est en cuisine, un jeune monsieur assure le service, aidé de la cheffe.

Repas n°1

Quand j’en étais encore à humer l’air du lieu avant de m’engager, le menu m’a parlé tout de suite. Quand j’explique que la cuisine familiale française a disparu des tables des restos parisiens, on ne me comprend pas toujours. S’il y a bien eu un renouveau de la cuisine bourgeoise et bistrotière, qu’en est-il du rosbif, du rôti par exemple? Je ne connais pour ma part que le Petit Bar où on les sert comme à la maison.

J’avais la petite table pour personne seule, aux premières loges pour admirer le spectacle de la rue Mouffetard.

Un diabolo grenadine

Oeufs mimosa

Le rôti était tellement bon, bien poivré (sans doute pour remplacer la moutarde), les aubergines confites, les tomates et courgettes, les patates bien cuites, tout était parfait, tellement goûtu, servi généreusement et de manière simple.

L’ami en question qui m’avait conseillé l’adresse a pu me rejoindre en cours de repas et a pris la salade d’aubergines marinées à l’estragon avec tranches de magret de canard fumé, là aussi gourmand et sans reproche aucun.

Pas de chichis, pas de hype. Diabolo, oeuf mimosa, rosbif, verre de vin, café : 27 euros dont 18 pour entrée-plat

Repas n°2

Quand on aime, on revient donc après une visite privée du quartier latin que j’animais, la cliente m’a demandé où nous pourrions déjeuner allez zou, le Verre à Pied. En arrivant à 13h et voyant la salle pleine, je m’en suis voulu de ne pas avoir réservé mais au final, il y avait une table pour 2 qui nous y attendait. C’était intéressant et réjouissant pour moi de voir le resto plein, la clientèle est bonhomme et diversifiée, à côté de nous un trio d’étudiants autour de 25 ans et un libraire du quartier qui mangeait seul. La conversation s’est établie avec ce dernier. Je lui demandais comment était le plat du jour, il m’a répondu qu’il était parfait et on a enchaîné sur les bistrots en général, on aimait les mêmes adresses. Il m’en a conseillé deux, dans le 1er et dans le 6ème et je lui demandais si cette 2ème n’était pas trop chère, ce à quoi il m’a répondu qu’il ne dépensait jamais plus de 20 euros le midi. Cela m’a tellement conforté dans mon impression qui est la mienne depuis que j’ai commencé ce site, à savoir que les critiques des restaurants dans la presse ne représentent qu’une petite partie des tables fréquentées par le commun des mortels. Je me souviendrai toujours de cette fois où je suivais une formation dans le Marais en compagnie d’une journaliste du Monde et d’une secrétaire de rédaction du Figaro. Le midi venu, elles m’avaient demandé ce que je conseillais comme restos vu que j’écrivais dessus (on parle de 2010), j’hésitais à conseiller le Couscous Nevers Café et ses couscous à 9 euros (c’était le resto avant l’Etoile Berbère), j’avais peur que ce soit trop “roots” pour elle alors j’avais conseillé un resto plus cher et la journaliste du Monde m’avait dit : “je ne peux pas me permettre de manger pour 20 euros chaque midi” et je m’étais dit “c’est ça, donc aucun complexe à recommander mes restos à petits prix”, on avait tous les trois été manger un couscous et ça s’était super bien passé.

J’ai repris mon mimosa.

Le rôti de porc aux baies de genièvre avec patates, impeccable, le plat canaille et gourmand, simple et réconfortant.

Tarte aux poires maison (bien sûr) pour finir.

Repas n°3 un samedi midi

20 euros les 12, tu commandes au Verre à Pied qui les commande à la poissonnerie d’en face rue Mouffetard. Et tu kiffes ta vie, même si ce ne sont pas les meilleures huîtres du monde, elles sont très bien pour ce moment-là. On a bu du bon blanc pas cher avec et on a pris une assiette fromages très bien ainsi qu’une mousse au chocolat top. Voilà un bistrot où les gens sont gentils, sans prise de tête et un bistrot où tu rencontres encore du monde, facilement, sans forcer. Ca brasse, ça se mélange et on vient là pour chercher la vie, pas pour créer des ennuis.

A la carte ce jour-là il y avait sinon :

Voilà l’addition en vidéo comme on n’en fait plus. Des plans comme ça, je n’en connais que 5 à tout casser dans Paris, je pense spontanément au Petit Bar et au Vaudésir. Et vous?